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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 22:13

A Serbian FilmBin voilà. Je crois qu'en matant ce film cette nuit, j'ai franchi un palier dans ce que je peux regarder et qui est "à la limite" du supportable. Et pourtant, ça démarrait "pas trop mal". Malgré quelques excès et une grosse impression de malaise sur la 1ère partie du film, on avait eu un début intéressant, mais c'est la suite qui gêne...

Le pitch: un acteur porno sur le déclin se voit proposer une grosse somme d'argent pour tourner dans un film porno "expérimental", dans le sens où il ignore ce qu'il va faire car tout lui est soufflé dans une oreillette. L'homme bascule alors dans une spirale de violence et d'excès, spirale de laquelle il ne sortira pas indemnte.

Bon OK, j'ai fait un pitch volontairement "propre" pour un film qui ne l'ai pas. Comme j'ai dit en préambule, le film bascule rapidement dans des idées très  nauséabondes que je vais me faire le plaisir de spoiler (beaucoup de critiques l'ont fait, pourquoi pas moi). Pourtant, visuellement, le film est très très beau. Et je dis ça malgré le sujet. L'image et la photo sont, pour le coup, très belles. Le passage dans l'orphelinat, le hangar à la fin, ou les extérieurs laissent sortir une atmosphère qui s'imprime sur notre rétine et dans notre épiderme.

Parlons maintenant de ce qui fait le film: les scènes "violentes". Ce qui vient d'ailleurs est du spoiler. Comme je disais, quand on voit le sujet, il ne faut pas se leurrer: y'a de la quequete, de la foufoune et du nichon. A vrai dire, avec tout ce qu'on voit à la télé, c'est pas choquant pour un poil. C'est, comme je le disais plus haut, ce qui est fait de tout ça, puisque le but étant de basculer dans la création du snuff movie (voir definition wikipedia), qui est très gênant. [DEBUT DE SPOILERS] Au bout de 50 minutes de film, on voit un accouchement en direct, puis le médecin qui abuse du nourrisson sous les yeux de la mère; un peu plus tard, on voit le héros coucher avec une femme qu'il frappe et tue tout en continuant les va-et-viens. Ca continue par le héros qui découvre sur une K7 qu'il a été violé pendant son sommeil, puis, sous l'emprise d'une drogue aphrodisiaque, il participe à un plan à plusieurs avec un homme cagoulé et 2 personnes attachées & dissimulées dans un lit...avant de se rendre compte que l'homme cagoulé était son frère, que celui-ci couchait avec sa femme pendant que le héros pénétrait son propre fils...(ouais, là normalement vous êtes tous dégoutés). Après un massacre vengeresque (dont un très drôle bizarrement), l'homme se suicide chez lui avec sa famille. Un homme est là et continue de les filmer avec son équipe, puis il dit à l'un d'eux "on commence avec le petit". On voit le gars déboutonner son pantalon. Générique. [FIN DE SPOILERS].

Si cette critique est volontairement longue (et si j'ai quasiment tout raconté), c'est parce que j'estime qu'au delà de la curiosité qui pousse à voir ce film (bah ouais, quand on lit des critiques qui disent qu'il y a telle ou telle chose, c'est davantage pour pousser à voir le truc que pour rebuter), c'est parce que ce film a plusieurs lectures, la 1ère, si l'on se confronte à l'image même, très horrible; et une 2nde, si on lit entre les lignes, plus intéressantes.

De mon point de vue personnel, je pense que le réalisateur n'a pas cherché à exprimer des pulsions sadiques au travers de son film, ou à exacerber une certaine forme de folie. Je crois surtout qu'il a voulu s'amuser (eh oui) à aller le plus loin possible pour fixer une certaine limite à l'image et à l'interpétation qu'on peut en faire. Les discours des personnages (totalement en décalage, surtout le réalisateur/artiste) et ce qu'ils sont prêt à faire sont, je pense, un moyen de tester les limites du visionnage d'un film pour le spectateur lambda. L'idée de se dire que de toute façon, à l'écran, aujourd'hui plus rien ne choque (ce qui n'est pas totalement faux, le spectateur refoulant tellement ses émotions face à des fictions ou des faits réels) est le point de départ de ce film. Le réalisateur a voulu, par le contenu de ses images, sublimer au contraire l'interprétation de ces images. Il a, je crois, cherché à critiquer un système et réinventer la perception de l'image (je me dis toujours que le réalisateur a quand même eu un budget pour tourner ce film, et qu'une personne "normale", même au nom de l'art, n'aurait jamais pu accepter de produire une chose pareille).

Tout ça pour dire quoi...A Serbian Film est une oeuvre audiovisuelle à prendre avec des pincettes. C'est un film que je ne saurais déconseiller de part la violence qu'il dégage (tant physique que sexuelle ou psychologique), mais que je conseillerai pour le message qu'il peut dégager en toile de fond. Cependant, il reste malgré tout quelque chose de très dégueulasse, qui j'espère sera le seul et unique film de ce genre qui sera fait...ou du moins que je visionnerai.

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commentaires

M
Bonjour,<br /> <br /> si je peux me permettre (je n'ai pas vu ce film), côté provoc' ou "repousse du visible et du montrable" à l'époque il y avait "Cannibal Holocaust" (que je n'ai pas vu non plus: comme quoi je reste<br /> intègre sur mes choix de films).<br /> Ce "Cannibal Holocaust" avait fait couler pas mal de liquide (sang et encre) à sa sortie car les effets spéciaux été très réalistes.<br /> Voilà pour les similarités entre ces deux films. Là où la différence est grande c'est que Cannibal Holocaust se faisait passer pour un(e sorte de) documentaire. Nouveauté dans le film de genre<br /> (reprise par "Project Blair Witch" que tu affectionnes).<br /> Certes "Cannibal Holocaust" était à la limite su snuff movie mais il venait apporter sa pierre à l'édifice.<br /> <br /> Toute cette argumentation pour conclure de la sorte: je pense que le réalisateur de "A serbian film" est plus détraqué que provocateur.<br /> <br /> Merci.
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E
<br /> <br /> Il est vrai que chaque époque a son film qui bouscule les codes et déboussole (pour ne pas dire choque) le spectateur. "Cannibal Holocaust" avait provoqué son effet à l'époque, au point que lors<br /> du procès, le juge avait demandé à ce que les effets soient reproduits en public et dans la salle d'audience, pour confirmer qu'aucun être humain n'avait été "tué ou torturé" pour les besoins du<br /> film.<br /> <br /> <br /> <br />

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